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Un enjeu sous-estimé, des conséquences majeures

L’égalité professionnelle ne se limite pas à l’égalité salariale ou à la représentativité des femmes dans les instances dirigeantes. Elle traverse également un enjeu souvent sous-évalué : la santé physique et mentale au travail, enjeu majeur pour toutes les organisations.

Cependant, les différences de genre ont un impact significatif sur l’exposition aux risques sur la santé, qu’il s’agisse des risques professionnels, de la charge mentale ou des violences sexistes et sexuelles (VSS). Ils influencent directement le bien-être, la motivation, et in fine, la productivité. 

Pourtant, la santé au travail est souvent abordée de manière générale, sans prendre en compte les spécificités liées au genre. Or, une prise en compte insuffisante de ces réalités peut conduire à une augmentation des arrêts de travail, du turnover et des risques de désinsertion professionnelle. 

Dans un contexte où la prévention devient un levier stratégique pour les entreprises, comment intégrer cette dimension dans les politiques RH, afin de prendre en compte à la fois les risques physiques, psychiques, la prévention, la désinsertion professionnelle, pour contribuer à l’égalité réelle ?

Les inégalités de genre au travail se manifestent de plusieurs manières : stéréotypes de genre, différences de salaire, inégal accès aux postes à responsabilité, plafond de verre et plancher gluant. Les violences sexistes et sexuelles représentent également un autre facteur d’altération de la santé au travail. Ces inégalités produisent des effets sournois sur la santé des femmes.

Inégalités de genre et exposition différenciée aux risques professionnels

Au delà de ces inégalités systémiques, certaines professions restent fortement genrées, exposant les salarié·es, femmes et hommes, à des risques de santé spécifiques. Par exemple :

  • Les métiers dits traditionnellement “masculins” (BTP, industrie, logistique) sont souvent associés à des risques physiques accrus : TMS (troubles musculo-squelettiques), accidents du travail, maladies professionnelles, liés à la manipulation de charges lourdes ou à l’exposition à des produits toxiques. 
  • Les secteurs majoritairement féminins (santé, éducation, service à la personne) sont marqués par des contraintes différentes : sur le plan physique, une exposition aux TMS également du fait de postures statiques prolongées, de gestes répétitifs. Mais les risques dans ces métiers sont davantage associés aux risques psycho-sociaux (RPS), à une forte charge émotionnelle et relationnelle. Charge à laquelle s’ajoutent celle lié au déséquilibre des temps de vie (double journée, difficile conciliation des temps de vie, inégalités de répartition des taches familiales…) . 

Selon l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), ces disparités ne sont pas naturelles mais le résultat de stéréotypes ancrés et d’une organisation du travail encore inadaptée. Mieux identifier ces facteurs permet d’ajuster la prévention et d’éviter des situations d’usure professionnelle.

L'importance de la prévention et du rôle des employeurs

Face à ces constats, les entreprises ont un rôle clé à jouer dans la prévention des inégalités de santé au travail. Les services de santé au travail ont également un rôle clé à jouer dans cette dynamique, en accompagnant les entreprises sur ces problématiques et en proposant des diagnostics adaptés.

Agir sur la santé au travail avec une approche de genre, c’est avant tout :

  • Identifier les biais dans l’organisation du travail et procéder à une analyse systématique différenciée des conditions de risques pour tous et toutes
  • Sensibiliser et former : Former les RH, les manager·euses et les salarié·es aux spécificités des risques professionnels selon le genre, et aux stéréotypes, pour une meilleure reconnaissance des problèmes et un accompagnement adapté.
  • Aménager les conditions de travail : Adapter les postes, proposer des solutions ergonomiques et limiter la charge de travail sont des leviers de prévention efficaces.
  • Renforcer les dispositifs de signalement et de prévention des VSS pour un environnement de travail sécurisé, et règlementairement obligatoires.
  • Mettre en place des dispositifs de prévention, d’alerte et d’accompagnement : favoriser la QVCT (qualité de vie et des conditions de travail), faciliter la prise en charge des salariés confrontés à des situations de souffrance permet de limiter la désinsertion professionnelle, réduire l’absentéisme, améliorer l’engagement et la fidélisation es salarié·es.

Passer à l’action pour favoriser une véritable égalité en santé au travail

En adoptant une approche préventive et inclusive, les entreprises peuvent non seulement améliorer le bien-être de leurs salariés, mais aussi renforcer leur attractivité et leur performance. Loin d’être une contrainte supplémentaire comme on l’entend parfois !, l’intégration de l’égalité dans la politique de santé au travail est un atout stratégique.