Le lieu de travail devrait être un espace où chacun a la possibilité de s’épanouir professionnellement, indépendamment de son genre. Cependant, la réalité est souvent bien différente.
Le sexisme ordinaire au travail est une forme subtile, souvent invisible, de discrimination qui se manifeste dans les comportements et attitudes du quotidien. Il n’a rien de spectaculaire ou d’évident, ce qui le rend d’autant plus pernicieux. Pourtant, il est bien là, affectant la qualité de vie au travail, les trajectoires professionnelles et la cohésion des équipes.
Alors, comment reconnaître ces manifestations du sexisme ordinaire et surtout, comment agir pour les combattre efficacement ? Décryptons ici les mécanismes insidieux du sexisme ordinaire et envisageons des pistes concrètes pour agir en faveur d’un environnement de travail plus égalitaire.
Sexisme ordinaire : de quoi parle-t-on exactement ?
Le sexisme ordinaire se distingue des formes plus explicites de sexisme. Il se cache dans des détails du quotidien, des gestes, des paroles qui peuvent sembler inoffensifs ou anodins, mais qui ont pourtant des effets délétères sur les personnes qui les subissent. Les études menées par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes chaque année mettent en lumière ce phénomène. Plus de 8 femmes sur 10 déclarent avoir déjà fait face à des remarques sexistes au cours de leur carrière.
Contrairement aux attaques directes ou discriminations évidentes, le sexisme ordinaire s’exerce dans l’informel. Il s’exprime par exemple à travers des plaisanteries répétées sur les femmes, des remarques sur leur apparence ou encore la répartition stéréotypée des tâches (« Les femmes sont plus organisées, elles doivent s’occuper du planning »). Ces comportements sont souvent minimisés, car jugés « inoffensifs » ou « bon enfant ». Mais en réalité, ils participent à un environnement professionnel discriminant qui freine l’égalité.
Les manifestations du sexisme ordinaire
Voici quelques exemples courants :
Les Microagressions :
Les commentaires, blagues sexistes ou attitudes dégradantes basées sur le genre peuvent être perçus comme inoffensifs, banalisés, mais ils créent un environnement hostile et renforcent les stéréotypes de genre.
Les compliments condescendants : Remarques du type « C’est impressionnant qu’une femme fasse ça ! » peuvent sembler flatteuses, mais elles soulignent implicitement que cette compétence n’est pas attendue chez une femme.
Les interruptions répétées en réunion : Les femmes sont souvent interrompues plus fréquemment que leurs homologues masculins, ce qui invisibilise leur prise de parole.#manterrupting
La sur-sollicitation pour des tâches subalternes : Les femmes sont régulièrement sollicitées pour des tâches perçues comme « traditionnellesé » , « féminines », comme organiser des événements, prendre des notes ou s’occuper du café !
La surcharge de travail émotionnel : Les femmes sont souvent confrontées à un stress émotionnel plus élevé, étant attendues pour prendre en charge les problèmes interpersonnels.
L’invisibilisation : les réalisations des femmes peuvent être minimisées ou attribuées à d’autres, les privant ainsi de la reconnaissance attendue #bropropriating
Les écarts salariaux : Les disparités salariales entre les sexes persistent, même pour des postes similaires et des qualifications équivalentes.
Le plafond de verre : Malgré vos compétences et votre expérience, vous avez du mal à gravir les échelons de l’entreprise, souvent en raison de stéréotypes de genre préexistants.
Ces comportements, bien que souvent passés sous silence, minent le climat de travail et freinent la progression professionnelle des femmes, tout en renforçant des rôles genrés restrictifs.
L'impact du sexisme sur la carrière
Le sexisme ordinaire est loin d’être anodin, ses effets sont bien réels et peuvent être nuisibles pour les personnes et pour les environnements de travail.
Les écarts de salaire
Les femmes sont encore trop souvent moins payées que leurs homologues masculins pour un travail équivalent
la stagnation professionnelle
Le plafond de verre et les obstacles à la promotion peuvent empêcher les femmes d’accéder à un niveau professionnel supérieur, limitant ainsi le développement de leur carrière.
la baisse de confiance en soi
Les microagressions et la minimisation du travail peuvent éroder la confiance en soi, amenant les femmes à douter de leurs compétences et de leur valeur.
le stress et le burnout
La surcharge de travail émotionnel due à la nécessité de gérer les problèmes liés au sexisme peut aussi entraîner un stress excessif et même un burnout.
Pourquoi est-il si difficile à reconnaître ?
Le sexisme ordinaire est difficile à identifier parce qu’il se fond dans les interactions quotidiennes. Souvent, ni les personnes qui en sont victimes ni celles qui en sont les auteurs ne réalisent immédiatement la portée discriminatoire de leurs comportements.
La banalisation est également une composante clé. Une étude de l’IFOP sur le sexisme en entreprise révèle que beaucoup de femmes n’osent pas dénoncer ce type de comportements par peur d’être perçues comme « trop sensibles » ou « incapables de comprendre une plaisanterie ». Quant aux hommes, ils peuvent avoir du mal à comprendre pourquoi certains gestes ou propos, qu’ils jugent sans conséquence, sont vécus différemment.
Agir pour un changement concret : des solutions à mettre en place
Une fois ce sexisme invisible « démasqué », des mesures s’imposent pour changer la donne et créer des environnements plus égalitaires. Voici quelques pistes d’action :
Éduquer et Sensibiliser :
une étape clé pour combattre le sexisme ordinaire est la sensibilisation et la formation. Les entreprises doivent mettre en place des actions sur l’égalité femmes-hommes et sur les comportements sexistes, et ce, pour tous les niveaux de la hiérarchie. En tant que consultante formatrice spécialisée, , je recommande vivement d’adopter des outils interactifs tels que l’atelier collaboratif la Fresque du Sexisme. Ce format court et engageant permet de déconstruire les stéréotypes de manière ludique et collective.
En parler !
Favoriser une culture d’entreprise où la parole est encouragée sur ces sujets est un autre élément clé pour identifier et combattre ces comportements. Les employeurs doivent s’assurer que leurs collaborateur·ices se sentent en sécurité pour dénoncer les actes sexistes sans craindre de représailles. Mettre en place des référent·es égalité ou des comités de suivi contribue à sécuriser cette prise de parole.
Adopter une Tolérance Zéro :
Les actes sexistes, même ordinaires, ne doivent jamais être tolérés ou minimisés. Chaque situation doit être prise au sérieux et des sanctions appropriées doivent être appliquées. Une politique de tolérance zéro en matière de sexisme doit être affichée et soutenue par la direction. Le cas échéant, des risques juridiques pèsent sur l’entreprise, la jurisprudence évolue régulièrement en ce sens, pour sanctionner plus sévèrement ces comportements. Ignorer ces enjeux peut coûter cher, tant en termes d’image que de responsabilités légales.
Réviser les Politiques Internes :
Les processus internes doivent promouvoir l’égalité de genre. Cela inclut l’égalité salariale, la manière dont les promotions sont accordées, la répartition des tâches, la dynamique des réunions, ou encore la diversité au sein de la direction Les pratiques doivent être régulièrement évaluées, et les mesures correctives appropriées mises en place.
Vers un environnement de travail plus inclusif
Le sexisme ordinaire au travail peut sembler invisible, mais ses conséquences sont bien concrètes.
En reconnaissant ce problème et en prenant des mesures pour le combattre, nous pouvons créer des environnements de travail plus égalitaires, où chacun·e a la possibilité de réussir, indépendamment de son genre.
Pour que le changement soit véritablement concret, les actions doivent s’inscrire dans la durée. Il ne suffit pas de lutter ponctuellement contre le sexisme ordinaire. Cela doit faire partie intégrante de la culture et des valeurs de l’entreprise, partageant un message fort : celui de valoriser l’inclusivité et le bien-être des salarié·es.
Le changement commence par la sensibilisation et l’action, alors engagez-vous à en finir avec le sexisme ordinaire au travail et à construire un avenir professionnel plus inclusif pour tous·tes.
Vous souhaitez aller plus loin pour sensibiliser vos équipes au sexisme ordinaire ? Contactez-moi pour organiser un atelier de la Fresque du Sexisme ou une formation. Ensemble, faisons progresser votre entreprise vers un environnement plus inclusif et respectueux.